Une semaine à la française : entre paradoxes économiques, raffinement japonais et finance responsable. De Shein au BHV à AxClimat, Caroline Lamaud explore nos contradictions avec élégance, exigence et humour, entre capital utile et douceurs wagashi.
Cette semaine, j’ai eu un petit vertige. Entre un impôt sur la « fortune improductive », l’arrivée de Shein en plein cœur de Paris, et la découverte d’une ribambelle de salons de thé japonais où tout respire la mesure et la délicatesse, j’ai repensé à cette étrange équation française : un mélange d’exigence, de contradictions et d’élégance. Bref, une semaine bien de chez nous.
L'opportunité de la semaine - Ax Climat, la finance qui respire mieux
Pourquoi c’est important : Parce qu’investir dans la décarbonation européenne, c’est miser sur l’avenir sans renoncer à la performance.
AxClimat I, c’est un peu le fonds qui met des convictions dans ses chiffres. Anaxago propose ici une porte d’entrée vers des fonds européens Article 9 SFDR, pilotés par des équipes qui financent concrètement la transition énergétique, la décarbonation de l’industrie et l’économie circulaire.
La stratégie est équilibrée : buyout, growth et infrastructure, mais surtout une gouvernance alignée (10 % des commissions reversées à une asso, 20 % de la rémunération indexée sur les objectifs ESG, 1 % du fonds investi par l’équipe elle‑même). Déjà exposé à plusieurs fonds sursouscrits, AxClimat I illustre une tendance de fond : celle des véhicules qui allient impact réel et exigence financière. Bref, le capital utile, sans effet de manche.
Taxation des fonds euros, quand la prudence devient suspecte
L’Assemblée nationale a adopté un texte transformant l’IFI en « impôt sur la fortune improductive ». L’idée ? Taxer davantage les actifs jugés « peu utiles à l’économie » : crypto, métaux précieux… et, surprise, les fonds en euros. Le support préféré des épargnants français devient donc suspect de paresse financière.
Le chiffre qui claque : 1 400 milliards d’euros — c’est l’encours actuel des fonds en euros, soit une épargne désormais considérée comme « dormante ».
Ce qu’il faut retenir :- Le seuil reste à 1,3 M€ de patrimoine net taxable.
- Nouveau taux unique de 1 %.
- L’assurance‑vie n’est plus un sanctuaire fiscal.
Bref, la morale budgétaire du moment : mieux vaut faire circuler ses capitaux que les laisser ronronner. Anaxago vous a préparé un petit récap simple et un tableau de tous les actifs concernés (on n'a pas osé rajouter une ligne sur les députés, improductifs ou productifs ?).
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Shein au BHV : la France face à ses paradoxes
Shein au BHV Marais, c’était l’événement qui mêlait cette semaine choc culturel et miroir de société. Impossible de ne pas vous en parler. Le géant chinois de la fast fashion installait donc son premier magasin européen… dans le temple du chic parisien. Et les Français ? 25 millions de clients, premier marché européen du groupe.Sur France Inter Dominique Seux citait Jean Viard : « Fermeture politique, ouverture économique. » Officiellement, nous défendons le made in France ; officieusement, nous remplissons nos caddies de produits venus d’ailleurs. La contradiction est totale, mais assumée. Ce que dit Shein de nous ? Que nous sommes un peuple romantique et libéral, attaché à ses idéaux, mais conquis par la livraison gratuite...
Pour écouter la courte Chronique de Dominique Seux, c'est par ici.
Les Dictionnaires critiques du rap français : lire plutôt que juger
J’ai eu un vrai coup de cœur cette semaine : les petits dictionnaires critiques d’Orelsan, Aya Nakamura et Jul, publiés aux Éditions JC Lattès.
Je les ai découverts grâce à un épisode du podcast Combien ça gagne avec un écrivain invité — et j’ai trouvé l’idée brillante. Des artistes que j’estime, même si je les écoute peu. Peut-être justement parce que je ne les comprends pas alors qu'ils parlent vraiment à tant de gens. Ces livres permettent d’entrer dans leurs univers autrement, par les mots, le ton, la structure. Légers, bien écrits, intelligents — ils donnent envie d’écouter avant de juge
Temples du raffinement
Quand le monde part en vrille, rien ne vaut une pause wagashi. Cette semaine, coup de cœur pour les salons de thé japonais de Paris. C’est la fermeture définitive de Mamie Gâteaux rue du Cherche Midi (les meilleurs scones de Paris) qui m’a donné envie de vous préparer une liste de mes salons de thé préférés, et en ce moment, la plupart sont japonais… Tomo, Toraya, Aki, un petit bijou rue Saint‑Honoré (dont j’avais oublié le nom), ou encore celui de l’île Saint‑Louis et ses glaces au marron. Sans oublier Le Tê, le salon franco‑taïwanais qui marie tradition et douceur contemporaine. Le raffinement, ici, n’est pas posture : il se savoure à la cuillère.
Et bien sûr un petit clin d’œil à Irasshai, ma nouvelle cantine japonaise où j’ai déjeuné pas plus tard que cette semaine avec les géniales co‑fondatrices de Voxe. J’ai toujours eu un faible pour les newsletters qui savent conjuguer fond et ton. La Quotidienne de Voxe, c’est exactement ça : un concentré d’info claire, piquante et intelligente, qui muscle le cerveau de plus de 96 000 lecteurs chaque matin. Si vous cherchez une alternative à votre déprimant feed twitter, foncez pour vous inscrire ici, c'est gratuit !
Les images qui illustrent cette newsletter
...sont celles de la rénovation extraordinaire de la Masseria Partemio. Nichée au cœur des Pouilles, la Masseria Partemio est une demeure du XVIIIᵉ siècle ressuscitée après quarante-cinq ans d’abandon. L’entrepreneur Gustavo Antonioni en a fait un refuge lumineux où le temps semble suspendu. Sous la direction de l’architecte Maria Formosi, la restauration a duré sept ans, mariant rigueur historique et élégance contemporaine. Les voûtes de pierre, les fresques effleurées et les sols en terrazzo dialoguent avec des teintes chaudes – rouges pompéiens, lin, sable – et un mobilier patiné, chiné dans la région. L’ensemble respire la lenteur italienne, une esthétique de la matière et de la lumière. Autour, neuf hectares d’oliveraies et une table monumentale en ciment rouge invitent au partage. On s’y sent plus chez un ami que dans un hôtel. La Masseria incarne ce luxe discret où chaque imperfection raconte une histoire.
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