Une réflexion sur la justesse : entre innovation utile, pensée libre et cohérence économique. D’une levée de fonds en IA à Nietzsche et Costco, une quête du vrai, du patient et du bien fait dans un monde saturé de promesses.
Il y a des semaines où l’esprit vagabonde sans prévenir. On lit, on écoute, on regarde — et tout finit par faire sens. Entre une levée de fonds prometteuse, un philosophe qui invite à penser librement, et un supermarché devenu modèle de vertu économique, j’ai eu envie de parler de ce qui relie tout cela : la justesse.
Opportunité de la semaine - L’intelligence du concret : nPlan lève 16 millions de dollars
On démarre avec nPlan, cette pépite d’intelligence artificielle que nous accompagnons, et qui vient de lever 16 millions de dollars auprès de CapHorn/Anaxago, Chevron Technology Ventures, GV (Google Ventures), Suffolk Technologies, Pentech Ventures, LocalGlobe et deux investisseurs providentiels : Michael Mire et Sir John Parker. Ce tour de table n’est pas seulement un succès financier ; c’est la confirmation d’une vision. Dev Amratia, son fondateur, expliquait vendredi sur Bloomberg (la vidéo est visible ici) comment leur IA anticipe les retards de chantiers — un enjeu trivial en apparence, mais colossal en termes d’efficacité et de décarbonation. Il y a dans nPlan quelque chose de profondément juste : une technologie utile, mesurable, et résolument tournée vers la création de valeur réelle. Et, quelque part, une forme d’anti-hubris. Une IA qui ne prétend pas remplacer l’humain, mais l’aider à mieux planifier. Il fallait oser.
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Nietzsche, ou l’art de penser sans permission
Peut-être est-ce pour cela que j’ai repensé à Nietzsche, à travers la belle plume de Géraldine Dormoy et les voix d’Ali Baddou et Sophie Galabru dans les podcasts Philosophes. Trois épisodes lumineux où Nietzsche retrouve sa clarté. On y entend un penseur du dépassement, mais aussi de la liberté intérieure, de l’indépendance du jugement.
Géraldine raconte comment, tout l’été, elle a écouté ces épisodes comme des mantras, pour se libérer du regard des autres et renouer avec ses valeurs propres. Ce que j’aime dans cette confession, c’est la pudeur et la sincérité : l’effort d’aller au-delà du “paraître juste” pour redevenir simplement vrai. Nietzsche, décidément, reste un bon compagnon de route pour celles et ceux qui veulent construire — dans le bruit des marchés comme dans le tumulte des opinions.
Ian Schrager : la mise en scène du réel
Autre figure du contre-pied : Ian Schrager, invité du podcast The Stanza pour le dernier épisode de la saison.
Le cofondateur du mythique Studio 54 est devenu une légende de l’hôtellerie en inventant le concept même d’“expérience” avant qu’il ne devienne un mot creux. Le bonhomme est à l'origine des toutes premières boutiques hôtels du monde.
Dans cet entretien, il raconte comment il a transposé la dramaturgie des nuits new-yorkaises à l’univers du design et de l’hospitalité : créer des lieux qui ont une âme, où le détail devient langage. L’entretien est passionnant, d’autant qu’il émane d’un homme qui a connu l’excès, mais choisi la discipline, le silence et la beauté comme voie de maturité. Un modèle de réinvention.
La taxe des 2 % : fiscalité et philosophie
Retour à la réalité politique avec la proposition de taxe de 2 % sur les holdings patrimoniales prévue dans le Projet de Loi de Finances 2026. On fait le point ici. Derrière la technicité fiscale, c’est une philosophie qui s’exprime : celle de la circulation forcée du capital. L’intention — éviter la rétention excessive de bénéfices — peut se défendre. Mais la méthode, elle, risque de pénaliser l’investissement productif au profit du court terme. Cette tension entre redistribution et investissement, c’est tout le débat de notre époque. Et la question demeure : peut-on encore inciter à entreprendre sans culpabiliser ceux qui ont réussi ?
Flâneries du week-end : galeries et trains miniatures
Et puisqu’on parle de beauté, j’ai eu envie, cette semaine, d’un détour par le Marais (éventuellement jeudi, seul jour a éclairci de la semaine à priori). J’imagine la flânerie idéale : un café au soleil, quelques pas et une halte à la Galerie de l’Instant, pour revoir ces portraits d’artistes qui ont traversé les époques avec la même intensité dans le regard. Puis un saut à la Galerie Clémentine de La Feronnière, où le contemporain dialogue avec le sensible. J’aime ces espaces où l’on ne cherche rien d’autre qu’un instant de suspension.
Le même goût du détail se retrouve à un endroit beaucoup moins attendu : sous la gare de l'Est. Là, un groupe de passionnés, tous membres de l’AFAC, entretient depuis des années un réseau ferroviaire miniature d’une précision presque maniaque.
Costco, ou la cohérence comme stratégie
Pour finir sur une note plus inspirante, je me suis replongée dans un autre modèle économique fascinant : Costco.
Inspirée par le podcast Acquired — et par l’accueil enthousiaste que vous avez réservé à l’article sur Rolex la semaine dernière —, j’ai voulu comprendre pourquoi Charlie Munger, l’associé de Warren Buffett, voyait dans cette entreprise sa préférée de tous les temps. Jusqu’à la fin de sa vie, il n’a cessé de chanter les louanges de ce modèle “simple, mais pas simpliste”. Costco, c’est l’anti-hype. Une société qui paie ses employés 30 % de plus que la moyenne du secteur, leur offre une couverture santé exemplaire et des perspectives d’évolution réelles — et qui, paradoxalement, affiche une productivité trois fois supérieure à celle de Walmart. Le secret ? Moins de choix, plus de rigueur : environ 3 700 références, contre 140 000 chez son concurrent. En réduisant le bruit, Costco optimise tout : les marges, les flux, la confiance du consommateur. Et ce consommateur, justement, n’est pas celui qu’on imagine. Costco a la clientèle la plus aisée du retail américain, avec un revenu médian supérieur à 100 000 dollars par foyer. Leurs clients pourraient tout acheter ailleurs — en ligne, en luxe, en exclusif — mais ils choisissent Costco pour une raison très précise : la certitude d’un rapport qualité-prix honnête.
C’est un club, presque une confrérie de rationalité, où le ticket d’entrée n’est pas le snobisme, mais la lucidité. Un endroit où les millionnaires remplissent eux-mêmes leur coffre de packs d’eau et de papier toilette, par principe. Ce paradoxe — des prix bas pour les plus riches — dit tout du génie de l’entreprise : la confiance devient le vrai marqueur social. Pas besoin de séduire, il suffit de ne jamais décevoir. Dans un monde saturé de promesses, Costco vend une rareté : la fiabilité. C’est le triomphe discret de la cohérence. Un business fondé sur la transparence, la loyauté et la sobriété, trois vertus devenues presque subversives. Alors voilà, pas de grande morale cette semaine. Juste l’envie de garder le goût du vrai, du patient et du bien fait. Le reste, on l’apprendra en chemin — ou sur un quai de gare, en regardant passer un train miniature.
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