Dérivant du terme "Initial Public Offering" (IPO), qui désigne une levée de fonds lors de l'introduction en Bourse d'une entreprise, l'ICO (Initial Coin Offering) correspond à une levée de fonds effectuée non plus en euros ou en dollars, mais en crypto-monnaie.
Comment ça marche
Très concrètement, une entreprise ou une personne qui réalise une ICO lève généralement auprès de ses investisseurs des Bitcoins ou des Ethers et leur donne en échange l'équivalent d'un titre de propriété dans l'entreprise ou dans un projet sous la forme d'une autre crypto-monnaie dont la valeur évoluera en fonction de l'offre et de la demande liée à la réussite du projet sous-jacent, de manière semblable à une action d'entreprise.
À première vue, le processus semble assez naturel : pourquoi pas, après tout, permettre à une entreprise de lever de l'argent en Bitcoins ou en Ethers plutôt qu'en dollars, et de délivrer des titres de propriété dans une crypto-monnaie alternative (dont la fiabilité est assurée par une blockchain) plutôt qu'en actions ?
Les ICO rencontrent d'ailleurs une popularité croissante : alors qu'une seule ICO a été réalisée en 2013, 20 ICO ont été réalisées en seulement un mois en mai 2017. Les sommes en jeu sont croissantes : toujours en mai 2017, l'ICO du navigateur web "Brave" a ainsi battu des records en permettant aux initiateurs du projet de lever l'équivalent de 35 millions de dollars en l'espace de 30 secondes. De janvier à août 2017, 89 ICO ont été effectuées dans le monde, permettant de lever l'équivalent de 1,1 milliard de dollars. Bien que les sommes restent encore faibles par rapport au monde des marchés côtés, l'engouement des investisseurs vis-à-vis des ICO semble bel et bien réel.
Que penser de l'investissement dans les ICOs
Attention néanmoins aux faux-semblants et aux arnaques. Les ICO ont la particularité d'être des opérations non-régulées, autrement dit, il est possible pour n'importe qui de lever n'importe quelle somme en promettant n'importe quoi. Aucune institution n'existe pour vérifier la fiabilité des promesses avancées par les initiateurs des projets en amont des levées de fonds.
Pour l'investisseur, il s'agit-là d'un risque important qui s'est déjà largement concrétisé : on estime que depuis l'apparition des ICO, 10% des projets se sont révélés être des arnaques, avec notamment des levées de fonds pour de faux projets ou l'apparition de pyramides de Ponzi. En-dehors de ces cas litigieux, les valeurs des crypto-monnaies alternatives émises par les initiateurs des projets "sains" ont quant à elles connu des variations de leur cours particulièrement volatiles, alimentées par les rumeurs tantôt positives et tantôt négatives sur l'avancement des projets sous-jacents. L'aspect spéculatif des opérations d'ICO est donc particulièrement fort.
Ces sujets sont pris très au sérieux par les autorités : la Securities and Exchange Commission (SEC), l'équivalent américain de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF), a communiqué en juillet 2017 sur la nécessité d'une régulation du marché des ICO. Le régulateur chinois a quant à lui interdit les ICO en septembre 2017. On l'aura compris : le sujet est bouillant et évolue chaque mois.
Quelles leçons doit en tirer l'investisseur ? D'une part, qu'il est essentiel de se renseigner sur la fiabilité d'un porteur de projet avant de participer à une ICO et d'éviter tout investissement hasardeux uniquement basé sur la promesse d'un retour sur investissement élevé. D'autre part, l'investisseur doit être conscient que le fait de participer à une ICO représente un investissement extrêmement risqué puisqu'il lui est possible de perdre rapidement la totalité de la somme investie au départ. Enfin, du fait de l'absence d'environnement réglementaire à l'heure actuelle et de la volatilité du cours des crypto-monnaies alternatives émises par les porteurs de projets, l'investisseur doit considérer que le fait de participer à une ICO reste proche d'un jeu de hasard. En participant à une ICO, il est important de n'investir que ce que l'on est prêt à perdre.
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